Les habitants de la résidence Marnac à Ramonville se battent au quotidien contre des problèmes d’entretien, de sécurité et de confort. Ascenseur en panne, portes défectueuses, infiltrations d’eau… Malgré leurs nombreuses démarches, les locataires déplorent l’inaction du bailleur et des autorités locales.
Entretien avec des locataires
R2LH : Est-ce que l’un de vous peut me présenter les difficultés que vous rencontrez dans la résidence ?
Un habitant : Les difficultés sont nombreuses. À commencer par l’ascenseur. On paie tous des frais d’entretien chaque mois — pour moi, c’est 20 euros, pour d’autres, un peu plus de 30 — mais l’ascenseur est en panne presque six mois dans l’année. C’est très problématique, car à chaque étage, il y a des personnes à mobilité réduite. Moi, par exemple, j’ai deux séances de kiné par semaine. Il m’est déjà arrivé de rester coincée dedans, tout simplement.
Une habitante : Cela fait 20 ans que je vis ici. À l’époque de l’OPH, il n’y avait pas de charges pour l’ascenseur. Quand Les Chalets sont arrivés, en 2021, c’était 14 euros. En 2022, c’est passé à presque 40. Et pourtant, il est en panne neuf mois sur douze. On a demandé un remboursement. Refusé.
R2LH : Lorsque je suis entrée dans l’immeuble, j’ai constaté que les portes vitrées qui donnent sur l’extérieur avaient les vitres très endommagées et aucune ne ferme correctement…
Un habitant : Oui, aucune porte ne ferme correctement. La nuit, on entend du bruit, des claquements de portes, on ne sait jamais si c’est un voisin ou quelqu’un venu de l’extérieur. Alors on verrouille la porte et on attend, on n’a pas le choix.
Une habitante : Le système des portes est complètement inadapté. Ces portes devraient se verrouiller automatiquement, mais elles restent ouvertes. On l’a signalé à plusieurs reprises au bailleur Les Chalets et au syndic. Aucune réaction. C’est une question de sécurité, mais pour eux, ce n’est pas une priorité.
R2LH : Vous avez aussi signalé des problèmes liés aux intrusions…
Un habitant : Oui. Parfois, on retrouve des gens couchés dans le hall ou dans les escaliers. Des SDF qui dorment là, qui urinent, qui fument, qui se piquent. Il suffit que je me mette sur mon balcon pour les entendre se battre. C’est dangereux. Des fois, j’ouvre la porte, et j’ai sur mon palier une personne couchée là, je ne sais même pas si elle est vivante ou morte.
R2LH : En traversant les couloirs, j’ai aussi vu des faux plafonds arrachés, des câbles apparents. Cela fait longtemps que c’est dans cet état ?
Une habitante : Pas du tout. En mars 2024, les plaques du plafond sont tombées. On a signalé ça immédiatement. Elles n’ont été remises en place qu’en décembre. Et un mois plus tard, elles sont retombées. Depuis, plus rien. On vit avec les canalisations, les câbles électriques, le wifi à nu. Si un adolescent passe avec un briquet, tout peut s’embraser.
R2LH : Et le bailleur, les Chalets, qu’en disent-ils de ces dégradations, dont certaines sont volontaires ?
Une habitante : Ils nous ont demandé de dénoncer les auteurs. Mais c’est hors de question. Moi, je ne vais pas me mettre en danger. Aller au tribunal, être désignée comme témoin, donner mon nom, mon adresse… Et après ? Si la personne me harcèle ou m’agresse, qui me protège ?
R2LH : Et en extérieur ? D’autres exemples visibles depuis la rue ?
Une habitante : La plateforme, devant le CCAS et au-dessus de chez Aldi, a été refaite. Mais les dalles sont mal posées. Une dame du CCAS s’est blessée, elle est tombée, s’est fait mal à une jambe et s’est cassée une dent. Il y a beaucoup de personnes âgées ou à mobilité réduite ici. Et pourtant, rien ne change.
Un habitant : Même moi, j’ai une prothèse dentaire à cause d’une chute sur ces dalles. Chaque matin, je dois la fixer avant de sortir. Et on m’annonce maintenant qu’il va falloir en refaire une pour 3 000 euros.
R2LH : Et à l’intérieur des appartements ?
Une habitante : Le chauffage est une catastrophe. Certains locataires n’ont pas de chauffage pendant l’hiver. Des techniciens interviennent, mais ça tombe en panne tout de suite après. Quand on les rappelle, ils nous répondent d’aller regarder des tutos sur YouTube. Des gens ont des infiltrations d’eau en raison d’une mauvaise isolation du toit. D’autres ont des odeurs de pigeons morts… On nous dit que l’immeuble est classé C, mais ça m’étonnerait.
R2LH : Comment expliquez-vous la réaction du bailleur ?
Un habitant : On a vu monsieur Tichy, le directeur des Chalets, passer dans la résidence. Il n’a rencontré qu’une seule locataire. La seule qui n’a pas de problème, et qui est « 100% française ». Les autres, issues de l’immigration ou avec des difficultés de langue, ne sont pas écoutées.
Et la municipalité ?
Habitante : On a posé la question au conseil municipal. Une élue de l’opposition, Sylvie Brot, a interpellé le maire Christophe Lubac. Sa réponse ? Que tout cela vient des politiques nationales. On a eu l’impression qu’il nous disait : « Ce n’est pas notre problème. »
Et on apprend que le directeur des Chalets est un proche du maire. Alors, forcément, on se demande s’il y a une forme de complaisance. En tout cas, rien ne bouge.
R2LH : Quel est l’impact de tout cela sur votre santé mentale et physique ?
Une habitante : C’est grave. On est tous en déprime. Anxieux. On ne dort pas. Même nos enfants s’inquiètent. Les miens me disent : « Maman, viens vivre chez nous. » Mais pourquoi je paierais 800 euros de loyer pour finir chez mes enfants ? Ce qu’on veut, c’est être relogés. Ou que des travaux soient faits, de A à Z. Et ensuite, on verra.
En attendant on a engagé une procédure judiciaire et on a pris des avocats.
ECOUTEZ NOTRE REPORTAGE:
Ramonville-Saint-Agne: À la résidence Marnac, les habitants à bout de souffle en veulent au bailleur social, au syndic et à la mairie (reportage)
Commentaires d’articles (0)