Sous le soleil généreux du Sud-Ouest du Sicoval et du Lauragais se transforment en fers de lance de la transition énergétique. Les ombrières photovoltaïques, ces structures coiffées de panneaux solaires, produisent de l’électricité verte tout en offrant un abri aux véhicules. De Labège à Villefranche-de-Lauragais, en passant par les stations de métro toulousaines, élus, habitants et associations se mobilisent dans un élan collectif.
Une dynamique solaire
Dans le Sicoval, Labège donne le ton avec un projet de 3 millions d’euros, financé à 40 % par des subventions régionales et européennes. Depuis juin 2025, 1 200 m² d’ombrières installées sur les parkings du centre commercial Labège 2 et de la zone Innopole génèrent 300 kWc, alimentant la mairie, les écoles et d’autres bâtiments communaux. Une seconde phase, prévue pour la fin 2025, étendra ces installations aux entreprises locales, renforçant ainsi l’autonomie énergétique du territoire. Afin de sensibiliser et d’impliquer habitants et entreprises, le Sicoval a mis en place en 2024 un Cadastre Solaire, un outil numérique permettant de simuler des installations sur les parkings de communes comme Ramonville-Saint-Agne ou Castanet-Tolosan.
À Montbrun-Lauragais, le collectif ICEA illustre l’engagement citoyen avec une microcentrale solaire installée sur l’école primaire. Cette installation produit 32 kW et permet de réduire les émissions de CO₂ de 15 000 kg par an.
Le Lauragais brille également par ses initiatives rurales. À Villefranche-de-Lauragais, deux ombrières ont été installées en mai 2025 sur les parkings des ateliers municipaux (50,4 kWc) et de l’école maternelle La Colline aux Enfants (36,96 kWc). Ces équipements couvrent 10 % des besoins énergétiques de la commune. Gérées par le Service Départemental d’Énergie de la Haute-Garonne, elles devraient générer 330 000 euros sur 20 ans via la revente d’électricité à Enedis. À Gardouch, les ombrières installées sur les parkings de l’école Claude Nougaro et du gymnase, en service depuis 2023, produisent l’équivalent de la consommation annuelle de 94 habitants, soit 7 % de la commune. Le parc solaire de la Camave, inauguré à Villefranche en avril 2025, transforme un ancien dépotoir en un hub énergétique de 299 kWc, doté d’un sentier pédagogique destiné à sensibiliser les citoyens. À Montgeard et Nailloux, les ombrières installées au lac de la Thésauque depuis 2021 illustrent la coopération intercommunale portée par la communauté de communes Terres du Lauragais, qui valorise des terrains dégradés.
Avantages environnementaux, économiques et sociaux
Les ombrières photovoltaïques offrent des bénéfices multiples, qui dépassent la seule production d’énergie. Sur le plan environnemental, elles permettent de réduire les émissions de CO₂, comme à Montbrun-Lauragais où l’on estime une baisse annuelle de 15 000 kg. À Saint-Orens-de-Gameville, elles contribuent à la lutte contre les îlots de chaleur urbains grâce à l’ombrage et à des designs végétalisés. Des ateliers pédagogiques sont également organisés pour accompagner ces installations.
Sur le plan économique, elles permettent de réaliser des économies substantielles. À Villefranche-de-Lauragais, les ombrières couvrent 10 % de la consommation communale et permettent de réduire les factures d’énergie. À Labège, elles participent à l’autonomie énergétique, diminuant la dépendance aux énergies fossiles. À Toulouse, l’électricité produite par les ombrières Tisséo est directement injectée dans les stations de métro, optimisant les dépenses publiques.
Socialement, les bénéfices sont aussi tangibles. Les véhicules sont protégés du soleil, offrant un confort accru aux usagers, comme au lac de la Thésauque. À Villefranche, les habitants saluent ces améliorations, bien qu’ils aient exprimé des frustrations ponctuelles lors des travaux menés en 2025. Le sentier pédagogique de la Camave connaît un vif succès auprès des écoles locales, renforçant l’adhésion citoyenne. Ces projets incarnent une modernisation visible et partagée des espaces publics.
Obstacles à surmonter
Malgré leur essor, les ombrières rencontrent plusieurs obstacles. Le premier est financier. Le coût d’installation reste élevé, ce qui freine les petites communes.
À Villefranche-de-Lauragais, les 290 000 euros investis génèrent également des redevances annuelles à Enedis, comprises entre 900 et 1 750 euros. Le retour sur investissement, estimé entre 15 et 20 ans, suscite des débats, certaines collectivités devant arbitrer entre écologie, écoles ou routes.
À Labège, les 3 millions d’euros investis, bien que partiellement subventionnés, pèsent lourd sur le budget. À Avignonet-Lauragais, avec un budget communal d’1,5 million d’euros, équiper un parking est un défi majeur. Des alternatives émergent, comme les coopératives citoyennes à Montbrun, mais leur portée reste limitée.
Sur le plan esthétique et foncier, les projets suscitent des controverses, notamment en milieu rural.
À Mauroux, un projet de 400 hectares a été vivement contesté par les habitants, inquiets d’une industrialisation du paysage agricole. Certains dénoncent la disparition des champs traditionnels au profit de panneaux solaires. Des associations locales plaident pour des installations plus modestes, mieux intégrées et respectueuses des milieux naturels.
À Gardouch, un projet pilote agrivoltaïque lancé en 2024, avec des cultures de légumes sous des ombrières réglables, tente de répondre à ces préoccupations. Toutefois, son coût, supérieur de 20 %, limite son développement. Dans le Sicoval, des communes comme Labège ou Saint-Orens-de-Gameville misent sur des panneaux neutres et une végétalisation partielle, bien que cela augmente les coûts de 5 à 10 %.
Les ombrières photovoltaïques, bien que prometteuses, soulèvent également des critiques liées à leur intégration dans le mix énergétique.
D’abord, leur production est intermittente. Elle dépend directement de l’ensoleillement, entraînant des fluctuations journalières et saisonnières. Ensuite, la gestion des pics de production pose problème. En été, une surproduction peut saturer les infrastructures locales. Le coût énergétique de fabrication est aussi pointé du doigt : les panneaux, majoritairement importés, nécessitent une énergie grise importante. Selon certaines estimations, leur empreinte carbone initiale peut nécessiter entre 5 et 10 ans de fonctionnement pour être compensée.
Enfin, le recyclage des panneaux demeure un défi majeur. En 2025, la France manque encore d’installations industrielles capables de traiter ces équipements en fin de vie, ce qui alimente les inquiétudes d’associations locales comme SONE à Saint-Orens-de-Gameville.
Réglementairement, la loi de 2023 impose des ombrières sur les parkings de plus de 1 500 m² d’ici 2028, ce qui met sous pression les petites communes. À Avignonet-Lauragais, équiper un parking coûte entre 200 000 et 500 000 euros, une somme difficile à mobiliser. À Montgiscard, un projet a été retardé par la DREAL, en raison d’un risque identifié pour une zone humide. Les élus de Terres du Lauragais demandent des dérogations pour les parkings ruraux peu fréquentés, jugés peu rentables.
Conclusion
Si les défis sont bien réels — financement, intégration paysagère, contraintes réglementaires —, des solutions existent : financements innovants, designs adaptés, projets coopératifs et dialogue local. Dans un contexte de réchauffement climatique et de hausse des coûts de l’énergie, les ombrières photovoltaïques pourraient s’imposer comme un symbole concret et visible d’une transition énergétique réussie.
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