Manifestation pro-palestinienne à Toulouse : des commerces pris pour cibles en raison de leur lien supposé avec Israël
Plusieurs commerces de Toulouse ont été pris pour cibles mercredi dernier lors d’une manifestation de soutien à la cause palestinienne. Selon des témoins, certains participants ont spécifiquement visé des enseignes qu’ils considéraient liées, de près ou de loin, à Israël, appelant au boycott de ces établissements au motif qu’ils seraient détenus par des personnes de confession juive ou qu’ils soutiendraient, de façon supposée, les positions israéliennes dans le conflit au Proche-Orient.
Des enseignes ciblées par des appels au boycott
Au moins quatre commerces ont été touchés par ces actions, parmi eux, Sabon, une boutique de cosmétiques située rue d’Alsace-Lorraine, au cœur de Toulouse. Malgré le fait que la marque, à l’origine israélienne, soit aujourd’hui une filiale 100 % française du Groupe Rocher, des manifestants ont bloqué l’entrée du magasin pendant près de trente minutes. Témoignant de la scène, des passants ont rapporté que les militants avaient collé des stickers appelant au boycott sur la vitrine et empêché les clients d’entrer, allant jusqu’à photographier ceux qui tentaient d’accéder à la boutique.
Autre enseigne visée, Optical Center, rue John-Fitzgerald Kennedy. Bien que la société soit française, son PDG, Laurent Lévy, réside en Israël, ce qui semble avoir attiré l’attention des manifestants. Le responsable du magasin, Sylvain, a exprimé son incompréhension face à ces actions : « Nous n’avons aucun lien avec la politique israélienne. Nous vendons simplement des lunettes et du matériel médical », a-t-il déclaré, déplorant que son commerce soit pris à partie dans un contexte international qui ne le concerne pas.
Intimidations et renforcement de la sécurité
Face à la menace de nouveaux rassemblements annoncés pour le week-end suivant, certains commerçants ont pris des mesures préventives. C’est le cas de la boutique Optical Center, qui a choisi de fermer ses portes samedi, une journée habituellement très fréquentée, et de renforcer la sécurité en installant des palissades en bois devant la façade et en embauchant un vigile pour protéger le magasin.
En plus des commerces directement visés, le McDonald’s de la place du Capitole a également été ciblé par les manifestants, sans toutefois subir de dégradations. L’enseigne avait fait l’objet d’un appel mondial au boycott en novembre 2023, après l’annonce de sa franchise israélienne de distribuer des repas gratuits aux soldats de l’armée israélienne.
Un climat tendu pour la communauté juive locale
Le président du CRIF Toulouse-Occitanie, Franck Touboul, a vivement réagi à ces incidents. Il a exprimé sa « colère » et son « dégoût » face à ce qu’il qualifie d’amalgame dangereux entre la communauté juive et l’État d’Israël. Il a également affirmé que la communauté ne se laisserait pas intimider.
Face à la montée des tensions, les autorités locales ont pris acte des incidents et déployé des forces de police pour assurer la sécurité dans les zones les plus sensibles du centre-ville. Ce climat tendu rappelle à certains les sombres heures de l’histoire, où des commerces étaient stigmatisés en raison de l’identité de leurs propriétaires. Alors que le conflit au Proche-Orient se poursuit, il est à craindre que ces actes d’intimidation contre des commerces supposément liés à Israël ne se multiplient, alimentant une atmosphère de plus en plus délétère.
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